Un Parcours Entre Rigueur et Liberté
Née à Belfort, Agnès Descamps façonne son regard artistique dès ses études aux Beaux-Arts de Mulhouse, où elle explore les interactions entre structure et volume. Très vite, elle se détache des cadres académiques pour adopter une approche plus instinctive, où le geste devient langage, où la matière dicte son propre rythme.
Dans les années 80, elle s’imprègne d’univers variés : décors de théâtre, design d’objets, graphisme, autant de disciplines qui nourrissent sa perception de l’espace et de la composition. Elle s’intéresse au dialogue entre l’œuvre et son environnement, une approche qui deviendra une constante dans sa sculpture.
En 1989, elle intègre la Maison des Artistes, amorçant un cheminement où le dessin devient volume, où l’abstraction cède progressivement la place à des figures aériennes et épurées. Chaque sculpture est une respiration dans l’espace, un élan capté dans la matière.
Sa recherche l’amène à explorer de nouvelles textures et matériaux. De la densité du bronze à la transparence du plexiglas, de la rudesse de l’acier à la légèreté du métal ajouré, chaque surface devient un terrain d’expérimentation.
En 2014, elle installe un second atelier à Agde, entre Est et Sud, entre rigueur et liberté, poursuivant un travail qui se situe entre grands projets monumentaux et recherches personnelles.




L’Art du Mouvement et de la Lumière
Fusionnant peinture et sculpture, Agnès Descamps compose un langage plastique où la matière devient souffle, où le volume dialogue avec la lumière. Elle ne façonne pas simplement des formes, elle en révèle la fugacité, captant cet instant fragile où une ligne s’élance, où une silhouette semble déjà s’échapper. Ses œuvres ne sont pas figées : elles vibrent, oscillent, se redéfinissent à chaque regard.
Chez Agnès Descamps, l’œuvre, équilibrée, épurée, minimaliste, est totalement plastique. Ses Marianne ont de l’élan. Ses Marilyn ont du chien. Ses carrés font « pop ». Un trait bien placé, et la matière imprime le mouvement. On en oublie le motif. Pour retenir la force d’une pièce, toile ou sculpture, aux lignes pures. Agnès Descamps a le talent de l’essentiel.
En quelques courbes, dont l’inflexion est liée au cadre, elle « profile » une dynamique. Pas d’affect dans ses œuvres, ni de superflu. Les corps sans apparats, devenus volumes simples. Un sein solo typé, un nombril en forme de vague, un volume impeccable : la signature d’Agnès Descamps, identifiée au premier coup d’œil.
Christine Rondot
Sculpter l’Air, Modeler l’Invisible
Chaque sculpture d’Agnès Descamps semble suspendue dans un état d’équilibre précaire, comme un instant volé à l’inertie. Entre tension et fluidité, entre abstraction et figuration, ses figures défient la gravité, absorbant la lumière autant qu’elles la projettent.
Sa démarche repose sur un jeu subtil entre présence et absence, matière et vide. Un creux suggère un geste, une découpe évoque un corps, une ombre projette une nouvelle forme. Son travail ne se limite pas à ce qui est sculpté : ce qui est omis, ce qui est laissé à l’imaginaire, devient tout aussi essentiel.
Elle ne montre pas, elle suggère. Elle ne raconte pas, elle invite à l’interprétation. Ses sculptures existent dans cet espace de l’indéfini, où chaque regard recompose une nouvelle lecture.

