Agnès Descamps – Biographie

Il y a dans le parcours d’Agnès Descamps une cohérence rare : celle d’une artiste qui n’a jamais cessé d’expérimenter, de franchir les frontières entre les disciplines, les techniques, les formats — et peut-être même entre les époques.

Formée aux Beaux-Arts de Mulhouse, où elle obtient son diplôme en 1988 avec les félicitations du jury dans la section « structure et objet », elle commence par interroger la matière avec rigueur. Mais très vite, elle s’en affranchit pour ouvrir un espace plus libre, plus intuitif, où le geste prend toute sa place. Théâtre, design, mobilier, graphisme : les premières années sont marquées par une traversée féconde des formes appliquées. Ce sont autant de langages qui nourriront son vocabulaire plastique.

À partir de 1989, elle rejoint la Maison des Artistes et affirme progressivement une identité singulière, entre abstraction et figuration, entre le silence du trait et la vibration du volume. Ses premières sculptures en pierre directe laissent place, au fil du temps, à des matériaux plus contemporains — plexiglas, métal ajouré, résine thermoformée — dans un jeu constant entre opacité et transparence, entre ce qui est montré et ce qui est suggéré.

Ce qui traverse toute son œuvre, c’est une tension : entre densité et légèreté, entre le corps et le souffle, entre ce qui surgit et ce qui s’efface. Le corps humain — féminin, le plus souvent — n’est pas un motif, mais une présence mouvante, presque intangible. Il traverse ses dessins, habite ses peintures, se révèle dans ses sculptures sans jamais s’y enfermer.

L’artiste est également sollicitée pour de nombreuses commandes publiques et privées : trophées pour le Ministère du Tourisme, la Française des Jeux ; sculptures pour des collectivités comme les villes d’Agde, Vergèze ou Audincourt ; œuvres installées dans l’espace public ou dans des institutions régionales, de Belfort à Besançon. Elle a également collaboré avec des maisons de design et d’art de la table — Guy Degrenne, Daum, Peugeot , Doucet Paris — affirmant sa capacité à conjuguer exigence plastique et création fonctionnelle.

En 2014, elle ouvre un second atelier à Agde, dans le sud de la France, à La Perle Noire. Entre deux lumières, deux climats, deux énergies — celle de la Franche-Comté natale et celle du Languedoc solaire — elle développe un dialogue subtil entre rigueur et liberté. Son atelier devient également un espace d’échange avec le public, une expérience rare pour l’artiste, qui découvre une autre manière d’habiter son œuvre : dans le regard immédiat de ceux qui la rencontrent.

Mais c’est sans doute dans ses « sculptures évolutives » que son œuvre atteint une forme d’accomplissement. Pionnière dans l’usage de ce procédé, elle crée des pièces qui se transforment lentement, dévoilant, à travers la lumière ou un changement d’angle, un visage caché, une autre lecture, une seconde vérité. Sa Marilyn-vanité et son Origine, inspirée de Courbet, sont devenues des pièces de référence, saluées par les institutions comme par les collectionneurs.

« Ce qui m’intéresse en tant que créateur, c’est toujours d’aller plus loin, chercher de nouvelles pistes », dit-elle. Son travail témoigne d’une volonté constante de ne pas se répéter, de se réinventer, d’ouvrir la matière à d’autres dimensions — temporelles, symboliques, sensibles.

Aujourd’hui, qu’il s’agisse d’un portrait monumental ou d’un bas-relief presque effacé, d’une figure suspendue ou d’un geste esquissé, chaque œuvre d’Agnès Descamps prolonge une même intuition : celle que l’art ne dit pas tout, mais qu’il révèle, par ses silences et ses tensions, une vérité plus vaste — celle du regard qui s’attarde, de la lumière qui glisse, du corps qui se souvient.

CV Agnès Descamps

Atelier Agde